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La permanence orthophonique de la Cité éducative, une solution pour les enfants en attente de soins

Face à la pénurie d'orthophonistes et à l'allongement des listes d'attente, de nombreux enfants se retrouvent sans solution pour traiter leurs troubles de la communication, du langage ou de l’apprentissage quand ils relèvent du soin. Dans ce contexte, la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) du 18ème et la Cité éducative ont uni leurs forces pour mettre en place une permanence orthophonique hebdomadaire dédiée à ces enfants et adolescents en situation critique.

Cette initiative vise à offrir un soutien aux enfants repérés par les équipes éducatives et la médecine scolaire comme ayant des besoins prioritaires en matière de suivi orthophonique. L'objectif est double : d'une part, préciser les difficultés rencontrées par ces enfants et confirmer ou pas l’opportunité d’une intervention orthophonique, et d'autre part, accompagner les familles dans la recherche d'une prise en charge adaptée auprès des orthophonistes ou autres professionnels de santé /dispositifs du 18ème arrondissement.

Lors de ces permanences proposées à l’espace parents de la Cité éducative, les familles reçoivent aussi des informations claires et concises sur la façon dont l'orthophonie peut contribuer à l'amélioration des compétences de communication et d’apprentissage de leurs enfants, sur le rôle que les parents ont à jouer dans le parcours de soins. En effet, leur implication est nécessaire pour soutenir l’efficacité de l’intervention orthophonique, car ils sont les partenaires essentiels pour stimuler leur enfant et l’aider à consolider ses acquis. Voici deux cas concrets rencontrés lors des permanences (les prénoms ont été changés) :

CAS N°1 : Adama, âgé de 8 ans et scolarisé en CE2, a été orienté vers nos services par le médecin scolaire. Il éprouve des difficultés significatives en langage écrit depuis son entrée en CP. Il est soutenu par le RASED depuis plusieurs années en raison de difficultés scolaires, mais n'a jamais bénéficié d'un bilan ni d’un suivi orthophonique. Lors de sa consultation à notre permanence orthophonique, les évaluations réalisées révèlent un trouble sévère des apprentissages du langage écrit, caractérisé par un niveau de lecture et d'écriture particulièrement bas. Ce trouble s'accompagne de difficultés phonologiques et d'un déficit de la mémoire de travail.

La mère d’Adama, au fil des années, a pris conscience de la persistance des difficultés de son fils et de la détresse qui en découle. Elle a tenté, sans succès, d'obtenir une place pour Adama dans divers cabinets, mais n’avait pas conscience des difficultés pour obtenir un rendez-vous et n'était pas informée de l'existence de listes d'attente gérées électroniquement (telles que inzeecare, docorga, etc.).

Suite à la consultation à la permanence, la situation d’Adama a été discutée avec une collègue orthophoniste de la CPTS située à proximité de son domicile et de son école. Cette dernière pourra proposer à Adama un bilan orthophonique et un suivi adapté dès le mois de décembre.

CAS N°2 : Mila est une enfant de grande section qui avait été recommandée par le médecin scolaire pour un bilan orthophonique et une consultation au CMP mais les parents n’ont pas donné suite. Une équipe éducative a eu lieu en fin de moyenne section avec un traducteur (l’un des parents parle assez bien le français, l'autre très peu). L'assistante sociale a proposé son aide pour contacter les professionnels de santé mais les parents restent réticents.  En début de grande section, ils acceptent de rencontrer une orthophoniste de la permanence.

Les parents viennent au rendez-vous avec leur enfant, sceptiques quant à l'utilité de l'orthophonie. Ils estiment que Mila est bilingue et qu’elle a appris le français récemment, elle s'améliorera avec le temps. Cependant, à travers les questions de l'orthophoniste, ils révèlent qu’elle bouge beaucoup, a des difficultés de concentration, présente des problèmes de langage tant dans sa langue maternelle qu’en français, et ne suit pas le même chemin que sa grande sœur. Malgré ces signes, les parents banalisent, elle est petite, ça va venir.

Mila passe les épreuves de screening seule avec l’orthophoniste. L’entretien qui suit avec les parents permet de faire le point sur ses difficultés qui ne sont pas dues au bilinguisme et qui affectent le langage dans toutes ses composantes, mais aussi l’aptitude à dessiner, à mémoriser, à compter. L’orthophoniste a souligné l'importance de l'implication des parents dans l’accompagnement de leur enfant et confirme la recommandation d'une orientation vers un centre de soins pluridisciplinaire, en les informant sur les différents spécialistes et comment ils pourraient aider leur enfant.

Les parents ne sont pas convaincus pour le CMP. Mais ils comprennent mieux à quoi pourrait servir l’orthophonie et acceptent un suivi. Une solution est trouvée pour janvier 2024. En attendant, l’orthophoniste conseille des activités, et rappelle l’importance de limiter l’exposition aux écrans. Avec l’accord des parents, elle informe l’école de la solution trouvée et des suites à prévoir. 

Depuis la mi-septembre, une trentaine d’enfants de 4 à 12 ans ont déjà été reçu dans le cadre de cette permanence. Cette initiative est une bouffée d'oxygène pour les familles concernées, leur offrant un accès à des conseils professionnels et un accompagnement personnalisé. Elle souligne également l'importance d'une collaboration étroite entre les acteurs éducatifs, les professionnels de santé et les structures locales pour répondre efficacement aux besoins des enfants et garantir leur épanouissement. Façonner ainsi cette grande alliance, c’est là toute la raison d’être de la Cité éducative !